Après l’accalmie, reprise des… hostilités. Une reprise foudroyante, les plaignants ayant fait, dernièrement, un sit-in suivi d’une bruyante marche de protestation qui a, durant deux heures environ, paralysé toute l’artère principale de la ville de l’Ariana, au milieu de la colère des automobilistes et autres chauffeurs des moyens de transport public. Le tout sous un soleil de plomb accompagné d’un concert de klaxons assourdissants. Renseignements pris, les sit-inneurs protestaient ce jour-là, dans le cadre d’une revendication majeure : l’obtention de l’autorisation de propriété pour l’exercice du métier de taxiste, sachant que légalement, le taxiste avec seulement le permis d’exploitation dit «permis de place», n’a pas le droit d’acquérir un taxi à son nom. «Cela fait, croyez-moi, sept ans que j’attends ce fameux document, en dépit du dépôt d’un dossier complet et donc répondant à toutes les conditions exigées», soupire l’un d’eux qui parle d’ «un laxisme impardonnable, parce qu’inhumain, des autorités régionales». Pour un autre manifestant également dans tous ses états : «Il est révoltant de voir perdurer ce feuilleton dramatique, alors que la situation aurait dû être débloquée depuis belle lurette, s’agissant d’une revendication tout à fait légitime et réalisable». L’une des «présumées victimes», qui a souhaité garder l’anonymat au moment de l’approcher, est allée jusqu’à parler d’injustice : «Moi, mon dossier a été accepté il y a voilà dix ans et depuis aucune suite en dépit de mes réclamations à répétition. Or, ce qui me rend fou, c’est lorsque je vois d’autres collègues, comme moi, qui ont été épargnés par cette injustice et ont obtenu satisfaction, alors que leurs dossiers ont été déposés tout récemment. Que peut-on en conclure, sinon que la politique de deux poids, deux mesures a décidément la peau dure».
Un autre taxiste qui animait ce sit-in ne veut rien entendre. «Pour moi, s’écrire-t-il, le visage ruisselant de sueur, c’est une question de pistons et de sous. En effet, ils sont une petite minorité à le faire. Mais la grande majorité d’entre nous n’ont ni quelqu’un au pouvoir ni des milliers de dinars à casquer pour avoir gain de cause. Et dire que, entretemps, nous éprouvons les pires difficultés pour payer les impôts, honorer nos crédits, entretenir nos véhicules et faire vivre nos familles».
Un dénouement heureux ?
Et l’Etat dans tout cela ? Difficile d’en avoir le cœur net, car il s’est avéré que tant les gouverneurs que l’Utica, les deux principales parties prenantes, s’en défendent, renvoyant l’affaire au ministère des Finances qui a effectivement le dernier mot. Or, une source de ce département nous a précisé que «l’octroi de ces autorisations répond à des considérations financières, dictées par le budget de l’Etat, et que la situation sera bientôt régularisée». Un oui de ce ministère fera assurément des milliers d’heureux parmi nos taxistes qui pourraient le cas échéant, avoir droit à ce tant désiré crédit bancaire leur permettant de se payer une voiture neuve et donc performante.
M.Z.